Vous avez dit biodiversité ?

Lorsque l’on parle biodiversité, on pense jaguar, puma, ocelot… On pense tamarin, singe hurleur et paresseux… On voit des orchidées aux couleurs magnifiques, des arbres gigantesques, des plantes diverses… Et toutes ces images font rêver. Faites le test : les meilleurs moteurs de recherche n’y échappent pas ! Pourtant cette biodiversité-là ne représente que 7% de la diversité de notre environnement.

Alors réajustons nos lunettes et intéressons-nous aux 93% restant. On parle de biodiversité ordinaire ou biodiversité négligée, celle que l’on ne voit pas, celle que l’on met de côté, celle que l’on oublie. C’est à celle-là justement qu’une équipe de chercheurs de l’unité EcoFoG[1] s’intéresse dans le cadre d’une étude lancée sur 3 ans[2].

Insectes, araignées, champignons, micro-organismes et autres invertébrés constituent la grande majorité de la biodiversité n’en déplaisent aux pandas, tortues et autres espèces emblématiques. La liste des insectes de Guyane comporte actuellement 15 000 espèces ; leur nombre réel serait plutôt de l’ordre de 80 000. La flore ligneuse du plateau des Guyanes est d’environ 4 500 espèces, alors que seule la moitié a pu être récoltée au cours des siècles d’expéditions réalisées. Sur les 50 000 espèces de champignons estimées, seule une infime partie est connue (625 taxa).

Ces espèces sont rarement prises en compte pour diverses raisons : le capital sympathie d’un ibis n’est pas celui d’un ver de terre et savoir distinguer toutes les espèces de coléoptères ou de fourmis est moins évident que de reconnaître des oiseaux.

La première étape pour améliorer les connaissances est donc une étape d’inventaire. Quelques-uns ont déjà été réalisés au cours de missions en forêt (Crique Limonade[3], Mitaraka[3], Mont Itoupé[4], réserve de la Trinité, CSG, Paracou ……). Ils seront complétés pour ce projet par des relevés sur d’autres types d’environnement, comme les savanes côtières. Une profusion de matériel biologique doit ensuite être triée et identifiée.

Point audacieux de ce projet : de jeunes recrues issues d’une population locale avec un faible niveau de formation ont intégré l’équipe BING, sélectionnées pour leur intérêt ou curiosité ainsi que leur connaissance du milieu naturel régional et formées par les chercheurs à la parataxonomie.

Embarquez vous aussi dans l’aventure BING ! Suivez-nous au long de ces trois années pour découvrir un pan encore méconnu de la biodiversité guyanaise.

Illustration : ©J.Orivel.CNRS

[1] L’unité de recherche Ecologie des forêts de Guyane regroupe des moyens d’AgroParisTech, de l’Inra, du Cirad, du CNRS, de l’Université des Antilles et de l’Université de Guyane. Elle fait partie du Laboratoire d’excellence Centre d’Étude de la Biodiversité Amazonienne.

[2] Le projet BING « Biodiversité Négligée de Guyane : de la connaissance à la valorisation », porté par le CNRS pour l’UMR EcoFoG, est cofinancé par l’Union européenne et le CNES. L’Europe s’engage en Guyane avec le Fonds européen de développement régional.

[3] Réalisé en partenariat avec le Parc Amazonien de Guyane

[4] Réalisé dans le cadre de l’initiative la Planète Revisitée (MNHN / Pro Natura International)