L’enquête continue en ville

Même s’ils représentent une fraction importante de la biodiversité, de nombreux groupes d’organismes sont sous-inventoriés.

Le projet « Biodiversité Négligée de Guyane » avait à cœur de combler une partie du déficit de connaissances sur deux groupes d’espèces ayant des rôles fonctionnels majeurs en forêt tropicale : les fourmis et les champignons. L’inventaire des espèces et leur distribution sur le territoire a bien avancé. Avec le programme « Biodiversité Urbaine de Guyane » (BUG), les chercheurs du laboratoire EcoFoG[1] s’intéressent plus particulièrement aux fourmis et champignons présents dans et aux abords des villes et villages. Ce sont en effet généralement là où sont introduites des espèces « exotiques » (qui viennent d’ailleurs) qui peuvent menacer les espèces locales.

Pour avancer plus vite sur cet inventaire critique, mais aussi pour sensibiliser à cette biodiversité ordinaire, les chercheurs font appel pour la seconde année consécutive aux écoliers. Après une intervention en classe, les élèves ont pour mission de collecter les spécimens de fourmis et de champignons, qu’ils rencontrent dans leurs jardins ou dans les cours de leurs immeubles. Tout le matériel nécessaire à la collecte est fourni par le projet BUG. Les échantillons, munis de données géographiques, sont centralisés par l’enseignant puis transmis aux chercheurs.

En laboratoire, les spécimens sont triés, identifiés y compris grâce à leur ADN et intégrés aux bases de données existantes.

Durant l’année scolaire 2020-21, 27 classes de 16 écoles différentes réparties sur 11 communes ont contribué à l’inventaire : les enquêteurs étaient à Camopi, Kourou, île Saint Joseph, Mana, Matoury, Régina, Roura, Saint-Laurent-Du-Maroni ainsi que Rémire-Montjoly, Cayenne et Macouria. Ils ont permis de répertorier 38 genres[2] et 107 espèces de fourmis, dont un certain nombre d’espèces introduites, certaines largement méconnues quant à leur présence en Guyane ! L’espèce la plus retrouvée est bien originaire d’Amazonie : il s’agit de la fourmi de feu rouge (Solenopsis saevissima). Elle est suivie de peu par la fourmi noire (Dorymyrmex brunneus) une sud-américaine elle aussi. Avec 9 espèces, le genre le plus représenté est celui des fourmis à grosse tête (Pheidole).

Ces données, si intéressantes soient-elles, sont loin d’être suffisantes pour être interprétées. Les chercheurs ont besoin d’un nombre croissant d’enquêteurs, petits ou grands. Pour participer au programme scientifique, c’est par ici.

Des webinaires, où vous pourrez poser toutes vos questions, seront également proposés d’ici quelques semaines. N’hésitez pas à vous inscrire dès maintenant !


[1] Ecologie des Forêts de Guyane
[2] Dans la classification du vivant, les groupes sont divisés en sous-familles, genres et espèces.

Crédit photos : Marilou Hircq et Sophie GL

Le projet BUG (#GY0024253), porté par le CNRS pour l’Unité Mixte de Recherche EcoFoG, est financé par l’Union Européenne. L’Europe s’engage en Guyane avec les Fonds européens de développement régional.

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