©Déchets de scierie, Montsinery, L. Gardel, 2019

De l’arbre au pot de crème

Les arbres, qui ne peuvent se déplacer pour échapper à une agression extérieure, ont développé des systèmes d’autodéfense sophistiqués. Ils fabriquent ce qu’on appelle des métabolites secondaires, à savoir des éléments qui ne sont pas indispensables à leur croissance ou leur nutrition mais les aident à se protéger des agressions extérieures comme l’oxygène, le soleil, les insectes et micro-organismes…. Et en l’absence de variation saisonnière, notre climat chaud et humide impose les conditions idéales pour une « course aux armements » !

Une équipe de chercheurs s’est depuis longtemps fait une spécialité de l’étude des substances naturelles amazoniennes. Dans le cadre d’un nouveau projet de recherche, ils s’intéressent actuellement aux extractibles présents dans les copeaux et déchets de scieries*, et plus précisément aux extractibles qui pourraient avoir des effets cosmétiques : anti-oxydant, hydratant,  tensio-actif…

Si la finalité scientifique est bien l’étude du potentiel des métabolites susceptibles d’être extraits des copeaux, l’idée du projet est aussi de mobiliser un collectif d’acteurs privés de la filière bois ainsi que de la filière cosmétique. En effet, si une filière d’extraction doit voir le jour, elle doit pouvoir s’appuyer sur une filière fournissant le matériau de base, le bois, et sur une autre filière utilisant les produits naturels qui seront issus des extractions.

Ainsi, tous les acteurs intéressés par l’aboutissement d’une chaine de production complète sont bien les partenaires de ce projet ValorExtr@ct, dont l’Agence Régionale pour le Développement et l’Innovation, GDI, qui aura ainsi l’ensemble des éléments de réflexion pour appuyer les acteurs d’une filière innovante.

La recherche fournirait ainsi les bases pour implanter un nouveau savoir-faire !

Plus immédiatement, au terme des 3 années que dure le projet, l’intérêt des extractibles de 5 espèces d’arbres auront été identifiés et certifiés : le wacapou sera-t-il plus intéressant que le wapa pour l’action anti-oxydante ou que l’activité anti-inflammatoire ? Les conditions pour passer à un niveau semi-industriel de production d’ingrédients de base pour 2 des extraits auront été identifiées : « resveratrol » ou « kaempferol »**… l’un de ces composants au nom « barbare » sera-t-il bientôt « made in » Guyane ?

Le début d’une saga que nous vous proposons de suivre sur le blog.


* Le projet ValorExtr@ct, coordonné par l’Unité Mixte de Recherche ÉCologie des Forêts Guyanaises (UMR ECoFoG) et porté par le CIRAD,  bénéficie d’un financement européen FEDER. Ses partenaires sont Guyane Développement Innovation (GDI) et les laboratoires Bio ForeXtra .

** Molécules  connues dans le secteur cosmétique/nutraceutique

Illustration : Déchets de scierie, Montsinery – L. Gardel, 2019