Moustique femelle du genre Aedes, après un repas sanguin.

Cartographier le risque

Préparation d’une goutte épaisse pour vérifier la présence du parasite responsable du paludisme – crédit photo EL
Préparation d’une goutte épaisse pour vérifier la présence du parasite responsable du paludisme – crédit photo EL

Les maladies vectorielles que sont le paludisme et les arboviroses Dengue, Zika, Chikungunya, … constituent un problème de santé publique majeur dans les pays du biome Amazonien et sur le plateau des Guyanes en particulier.

Toutefois, les situations épidémiologiques, les mécanismes de transmissions, les connaissances et les priorités d’action diffèrent significativement d’une maladie à l’autre.

Le Brésil, la France et le Suriname sont engagés dans l’élimination du paludisme.

Les connaissances rassemblées, les développements méthodologiques réalisés et les efforts de coopération déployés depuis plus de 10 ans permettent aujourd’hui d’envisager la construction de modèles intégrés de risques, partagés par les différents acteurs travaillant sur la question : du spécialiste de la télédétection au gestionnaire de santé publique.

Depuis 2012, une équipe franco-brésilienne est engagée dans la construction d’un observatoire transfrontalier du paludisme. Son objectif est d’améliorer la surveillance de cette maladie de part et d’autre de la frontière.

Des travaux, menés notamment dans le cadre de deux thèses de doctorat, ont permis de d’établir une carte de la qualité de l’habitat du principal moustique vecteur du paludisme. La confrontation de données entomologiques et épidémiologiques ainsi que de connaissances expertes avec des informations sur l’occupation et les usages du sol ont par ailleurs permis de définir un indice de dangerosité du paysage.

Cette approche peut également être adaptée à d’autres maladies vectorielles.

Les épidémies d’arboviroses font les titres de l’actualité de façon cyclique en Guyane.
Les épidémies d’arboviroses font les titres de l’actualité de façon cyclique en Guyane.

La Dengue entraîne des épidémies récurrentes. Le Chikungunya et le Zika sont apparus dans la région respectivement en 2014 et 2016.

Lorsqu’il est estimé à partir de données de télédétection, le risque de transmission de maladies transmises par les moustiques est calculé par rapport à la proximité des habitats favorables au moustique avec les foyers de peuplement humain. Ce risque peut maintenant être envisagé au regard des facteurs d’exposition de la population : densité et l’activité humaines en lien avec le milieu forestier, ainsi que la circulation des agents pathogènes.

Pour cela, les spécialistes s’appliquent à cartographier la présence avérée ou probable des différentes espèces de moustiques vecteurs en fonction des conditions environnementales. Certaines des données nécessaires à cette mission existent à l’échelle régionale, d’autres à l’échelle de la Guyane.

Pour en cartographier le risque

Le Projet de coopération Régionale d’Observation des GuYanes par SATellite (PROGYSAT) permet de compléter l’inventaire des informations environnementales disponibles. Les cartes manquantes, pour l’urbanisation et la déforestation, sont produites.

Le niveau d’exposition des populations humaines aux différents vecteurs sera ensuite estimé. Enfin, la circulation des pathogènes sera prise en compte grâce aux cas de maladie détectés par les systèmes de surveillance épidémiologique.

La combinaison de l’ensemble de ces informations, selon un modèle mathématique conçu spécialement, permettra d’établir une carte du risque.


* Le paludisme est causé par un parasite du genre Plasmodium, transmis par un moustique du genre Anophèles.
** Les arboviroses sont causées par des virus, transmis par des moustiques du genre Aedes.

Cet article est disponible en :
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A lire sur le même sujet : Coopérer avec les Guyanes et Suivre la pollution en temps réel
Site Internet de l’IRD en Guyane, porteur du projet PROGYSAT : www.ird.fr/guyane
Découvrir le projet en vidéos : playlist YouTube.

PROGYSAT bénéficie d’un financement dans le cadre du Programme européen de Coopération Interreg Amazonie 2014-2020 prolongé jusque 2022 qui vise à faciliter l’intégration de la Guyane dans son environnement régional. Avec l'appui du FEDER, ce programme constitue un outil majeur pour la coopération régionale de la Guyane avec les pays voisins de l'Amazonie. Le programme se décline en 4 priorités stratégiques dans les domaines du transport, de l'environnement, de la santé et du développement des entreprises sur le marché régional.

L’axe relatif à la cartographie du risque de maladies vectorielles est coordonné par l’IRD et la Super-intendance de la veille sanitaire de l’Amapá (Superintendência da vigilância em Saúde do Amapá, Margarete Gomes). Il implique de nombreux partenaires de la région et est également soutenu par le Laboratoire mixte international Sentinela (IRD – Université de Brasília – Fondation Oswaldo Cruz), le CNES, la région Occitanie, la Fiocruz.

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