Ce que racontent leurs crottes

Les grands félins jouent un rôle essentiel pour le bon fonctionnement de la forêt. Parallèlement, ils revêtent une signification culturelle profonde dans les croyances des populations autochtones (surtout les jaguars). Enfin, les grands félins sont un atout majeur pour l’industrie du tourisme. Mais alors que la Guyane se développe, et donc l’urbanisation et l’agriculture, les zones de contact entre les habitats naturels de ces félins et les activités humaines augmentent également. Cela peut entraîner des pertes d’animaux domestiques et de compagnie dans ces zones limitrophes !

L’Office Français de la Biodiversité (OFB) mène des études scientifiques pour améliorer les connaissances sur l’écologie et le comportement des grands félins. Ces connaissances sont nécessaires pour concilier le développement économique du territoire avec la préservation des félins.

Diverses méthodes d’étude sont employées par l’OFB : l’observation directe, les colliers GPS et le piégeage photo. Basée sur le campus agronomique de Kourou, une équipe de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a apporté une expertise nouvelle : l’analyse de l’ADN extrait des fèces !

Comment reconnaitre les fèces de félins ? Elles ressemblent beaucoup à des crottes de chien, avec les bouts en pointe. Dedans il y a plein de poils, de griffes, de bouts d’os, de bouts de tortue, des becs… On les trouve souvent le long des pistes. Elles sont plutôt noires, un peu blanchâtres si elles sont restées au soleil pendant quelques jours.

Quand un animal produit des fèces, elles vont contenir : 1/ les cellules et donc l’ADN de cet animal ; 2/ l’ADN des proies qu’il a mangé ; 3/ l’ADN des animaux et/ou des plantes que les proies ont mangées ; 4/ l’ADN des parasites qui ont infecté l’animal, et même celui des parasites qui ont infectés les proies !!! De quoi offrir des perspectives uniques sur la biologie des félins.

La technique a été testée avec succès sur le territoire du Centre Spatial Guyanais (CSG). La zone d’étude a été élargie, en juin 2022, à l’ensemble du territoire avec le projet participatif FELiPS : les chercheurs de l’INRAE ont fait appel à la participation des agents des réserves naturelles, des techniciens des zones agricoles et même du grand public pour collecter les fèces de félins qu’ils pourraient trouver.

Il est toujours possible de participer :

  • En envoyant vos photos de félins avec les dates, heures et lieu des prises de vues par e-mail à felips@ofb.gouv.fr. Ces documents permettent une identification individuelle des animaux (surtout les photos de jaguars de flanc).
  • En collectant les fèces que vous trouvez. Vous pouvez télécharger le mode d’emploi et la fiche de prélèvement.

Des centaines de fèces ont déjà été collectées. Les extractions d’ADN sont en cours au Laboratoire de Génétique et Génomique Écologique à Kourou. Les résultats des analyses génétiques seront bien entendu combinés avec les données issues des autres méthodes. La comparaison entre zones protégées et zones agricoles permettra de mieux comprendre l’impact des activités humaines.

L’objectif à terme est bien d’aboutir à une gestion des grands félins basées sur des données scientifiques.


Pour en savoir plus sur le projet FELiPS : suivre la page Facebook @Felins2Guyane
Pour connaitre les résultats de l’étude menée sur le Centre Spatial Guyanais : regarder la Pause Sciences Connaitre l’état de la population des félins en Guyane

Le projet FELiPS pour « Feline ecology in French Guiana : a participatory science approach » est financé par le labex CEBA.