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Le plan marketing de la Nature

Le capital sympathie du jaguar, du dauphin ou du lamantin n’est pas celui du pou ou de la chauve-souris (même avant le contexte actuel) [1]. Pourtant les mammifères terrestres ou marins emblématiques représentent… 7% de la biomasse vivante ! Un problème se pose donc pour protéger les 93% autres espèces qui n’ont pas la cote auprès du grand public.

Les spécialistes ont essayé de donner une valeur à la Nature à travers le concept de services écosystémiques : des services rendus par la Nature à laquelle l’Homme, malgré son potentiel technologique, ne peut se substituer. Ainsi l’abeille ou la mélipone ont leurs fans car elles font un travail de pollinisation des fleurs, impossible à réaliser par aucun autre moyen pour nourrir 7 milliards d’individus à l’échelle de la planète. Des expérimentations ont pourtant été menées sur le rôle, par exemple, des fourmis sur la composition des populations d’autres invertébrés et leur rôle régulateur d’insectes ravageurs. Mais la simplification des relations du vivant, la limitation à certains secteurs (autoépuration des eaux, stabilisation des sols ou pollinisation) ainsi que les lacunes en connaissances ne permettent pas d’imaginer le rôle du million d’espèces animales et végétales menacées à l’échelle mondiale.

Une publication propose une approche purement marketing pour vendre le produit « Nature » à l’ensemble des terriens. Les auteurs se sont intéressés « au potentiel marketing » des insectes ne bénéficiant pas de l’empathie du public. Ils appliquent les 4P, piliers de la réflexion et de l’action marketing autour de la mise sur le marché d’un produit :

Produit

Le produit « insecte » souffre d’une image négative de la part des « consommateurs ». Cela vient notamment du manque de connaissance des bénéfices que les insectes apportent aux consommateurs/terriens. Y pallier passe par le développement d’une stratégie identifiée par besoin et donc différenciée par insecte. La promotion du besoin identifié de pollinisation des arbres fruitiers par exemple a permis le développement d’une stratégie pour défendre les abeilles. La prédation d’insectes ravageurs permet à des entreprises de vendre d’autres insectes (le biocontrôle) pour combler cet autre besoin. A chaque besoin son produit …

Prix

Quel investissement pour le produit « insecte » est-on prêt à mettre ? Un prix trop faible nuit à l’image du « produit », trop élevé et c’est le client qui fuit. Jusqu’à présent rien n’a été fait dans ce domaine, hormis pour la vente d’insectes de biocontrôle, mais on peut imaginer que l’engagement du public dans des actions de sciences participatives pourrait être une mesure parmi d’autres d’un prix que le public serait prêt à investir.

Placement/ distribution

Quels canaux de distribution utiliser ? Faut-il susciter la curiosité et aiguiser les connaissances comme à travers les ateliers « Dans la blouse d’un chercheur BiNG » mis en place depuis deux ans dans quelques classes ? Faut-il interpeller sur certaines capacités de la biodiversité négligée à travers une exposition sur les bus de l’Ile de Cayenne ?

Promotion/ communication

Quelles actions de publicité, de marketing direct et/ou de promotion mettre en œuvre ?

Le déclin des insectes étant alarmant[2], chercheurs et médiateurs scientifiques ont du pain sur la planche !

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Hart, A.G.and Sumner, S. (2020), Marketing insects: can exploiting a commercial framework help promote undervalued insect species?. Insect Conserv Divers, 13: 214-218. 

Illustration : Image modifiée issue de webinternational.net

[1] Lire ou relire « Vous avez dit biodiversité ? »

[2] Lire ou relire le numéro spécial sur le déclin des insectes dans le scientifique « Insect Conservation and Diversity » : https://onlinelibrary.wiley.com/toc/17524598/2020/13/2