Le Dr Nadine Amusant présentant aux agriculteurs les résultats des recherches sur le bois de rose lors d’un atelier organisé en partenariat avec la CTG dans le cadre des Journées Nationales de l’Agriculture en juin 2021.

Vers une filière durable

Espèce patrimoniale de Guyane, exploitée dès 1875, le bois de rose a largement contribué à son économie pendant un siècle. L’huile essentielle de bois de rose est recherchée par les secteurs de la parfumerie, de la cosmétique ainsi que de l’aromathérapie.

Menacée de disparition sur fond de surexploitation

Plantation de bois de rose 16 ans (Risquetout)

L’espèce a été récoltée dans de telles proportions que les populations naturelles se sont épuisées. Cette situation a conduit à l’interdiction de son exploitation en 2001 !

Les recherches menées par le Cirad, dans le cadre du projet de recherche Anib@rosa, ont abouti à la mise au point d’outils moléculaires permettant de retracer l’origine de l’arbre à partir duquel est produite l’huile. Ces résultats ont permis de lever le verrou réglementaire posé en 2001. Seule l’exploitation du bois de rose d’origine sauvage est aujourd’hui interdite en Guyane.

Le projet Anib@rosa a également mis en évidence le potentiel économique de la relance d’une filière « Bois de rose guyanaise » à l’origine d’un nouvel engouement des acteurs socio-économiques et agricoles.

Cependant le bois de rose, en plus d’être soumis à restriction dans son aire naturelle, ne fructifie pas annuellement. Par ailleurs le nombre de propriétaires de plantations reste confidentiel.

Une fois de plus, le Dr Nadine Amusant a pris le problème à bras le corps !

Formation de racines à partir des boutures

La spécialiste du bois a mis sur pied un nouveau projet de recherche avec en ligne de mire le développement de plantations industrielles. Plus précisément, son projet Anib@rosa2[1] ambitionne de proposer des nouvelles voies d’obtention de plants de bois de rose, via le bouturage horticole. Il s’intéresse également à la capacité de régénération des souches résultant de taillis. Enfin, il cherche à mieux connaitre le génome de la plante pour sélectionner à terme des individus à haut rendement en huile essentielle.

Afin de s’assurer d’un transfert d’expérience à toutes les étapes d’exécution du projet, la chercheure a travaillé avec un pépiniériste intéressé par la valorisation du bois de rose : l’entreprise L’Agro Forestière.

Nurserie des boutures après rempotage dans de la terre végétale

Les résultats, probants, sont encourageants.

Une campagne de bouturage de 1500 plants a été lancée à partir de 400 pieds-mères : les conditions optimales (substrat, hormone…) ont été identifiées. Une centaine d’individus ont été plantés pour comparer le développement  en plein champ. A ce stade, les chercheurs n’ont pas noté de différence entre le comportement de plants provenant de boutures et de semis.

Parallèlement, sur une parcelle expérimentale de 0,5 ha de bois de rose, les chercheurs ont étudié la capacité de régénération des souches suite à des éclaircies. Elles ont développé de nouvelles tiges et 6 ans après, près 80 % des rejets sont encore vivants.

L’étude du génome du bois rose est en cours de finalisation, pour à terme, identifier les gènes associés aux rendements en huile essentielle et donc les plants à haut potentiel qui seront à multiplier en priorité.

Retour sur l’atelier bouturage organisé le 21 juin dernier dans le cadre des #JNA2021 en partenariat avec la CTG.

Les projets Anib@rosa, grands frères du projet ValorExtr@ct, sont d’autres exemples frappants de ce que la connaissance peut apporter pour l’exploitation durable des ressources naturelles sur le territoire.-


[1] Le projet Anib@rosa2 (N° FEDER /2017/N°75) porté par le CIRAD en partenariat avec l'ONF et l'INRAE, est cofinancé par l'Union Européenne. L'Europe s'engage en Guyane avec le Fond européen de développement régional.