Photo SolarCam du site Montabo lors d’un épisode d’échouage

Sargasses sous surveillance

Algues brunes flottantes mesurant jusqu’à 12 m de long, les sargasses s’agrègent en nappe et se déplacent en suivant les différents courants marins entre l’Afrique de l’Ouest et le nord de l’Amérique du Sud. À proximité des côtes, les sargasses s’échouent et occasionnent par leur décomposition des impacts néfastes : libération de gaz incommodants ou asphyxie des habitats et espèces côtières (mangrove, poissons…).

Depuis 2011, sans qu’il soit encore très bien compris pourquoi, leur quantité ne cesse d’augmenter.

Véritable fléau aux Antilles, la Guyane est moins impactée mais n’échappe pas au phénomène. Cela se produit généralement à la saison des pluies, à des fréquences et intensités variables.

Pour mieux connaitre et évaluer le phénomène sur nos côtes, un dispositif de surveillance déjà utilisé dans les Antilles a été mis en place. Les sites de Montabo et de Buzaré ont été sélectionnés pour leur facilité d’accès, la présence de points hauts pour positionner une caméra, une couverture réseau ainsi bien entendu qu’un historique de dépôts de sargasses.

Une surveillance adaptée

Les méthodes de surveillance vidéo déjà utilisées pour observer les changements des morphologies des plages doivent là encore être adaptées.

Installation de la SolarCam© sur la plage de Montabo
Position de la caméra au niveau de la pointe Buzaré

Photo de la segmentation du site Buzaré après traitement des images.

Deux caméras SolarCam©, constituées de smartphones alimentés par énergie solaire, sont installées depuis janvier 2020 sur un point haut afin de visualiser un maximum de surface de plage. La fréquence des prises de vues est réglable à l’aide d’une application de commande à distance. Les smartphones communiquent, via des données mobiles (3G ou 4G), avec un serveur FTP, lui-même relié à un serveur du BRGM. Les caméras calibrées, différents algorithmes basés sur de l’intelligence artificielle et dans le traitement d‘images pour la détection des sargasses ont été adaptés à notre littoral : la distinction est assez nette entre le sable et les sargasses mais les couleur et texture photographique étant similaires, la différenciation entre la vase et les sargasses a été particulièrement difficile à réaliser !

Les résultats obtenus sont encourageants en termes de faisabilité technique et de détection des sargasses.

Un suivi à maintenir

En 2020, les échouements les plus importants ont eu lieu entre mars et avril, et dans de faibles quantités : moins de 400 m² pour la pointe Buzaré et moins de 500 m² pour l’anse de Montabo. Ces dépôts ont de fait eu peu d’impacts sur les activités locales. Malgré leurs orientations différentes les deux sites ont connu une dynamique d’échouement similaire, en trois épisodes. Le dépôt se fait au cours des marées de mortes-eaux, et les sargasses ont été évacuées au cours des marées hautes de vives-eaux qui ont suivi les premiers échouements. Cette capacité naturelle de nettoyage de la plage avait déjà été observée les années passées et également pour une faible quantité d’échouements.

La surveillance des échouements de sargasses se poursuit afin d’améliorer la compréhension du processus et d’anticiper au mieux d’éventuels dépôts plus importants que ce qui a été observé jusqu’ici. Par ailleurs, les sites suivis étant envasés et la vase atténuant la houle incidente, la possibilité d’inclure un site sans vase au réseau de suivi est discutée.-


Crédit photos : BRGM Guyane.