Biodiversité, recherche et territoire

La recherche en biodiversité menée en Guyane a plusieurs objectifs dont le principal est de comprendre comment la diversité du vivant se distribue à l’échelle du territoire, comment les espèces sont réparties et quels sont les liens entre espèces, communautés, habitats et systèmes qu’ils soient terrestres, aquatiques, marins ou littoraux…

L’approche suit globalement toujours le même schéma : documenter (observation, collection, expérimentation), comprendre et modéliser (répartition et évolution des espèces, composition des communautés, structure et fonctionnement des écosystèmes, savoirs locaux et usages de la biodiversité) puis prédire (indicateurs et scénarii prédictifs de changement). Ces étapes sont primordiales pour gérer et évaluer les impacts des activités humaines ou du changement climatique.

Les résultats vont alimenter les bases de données territoriales : Guyane SIG, Herbier, Observatoire du carbone, Guyanensis[1]… Plusieurs années de travaux ont ainsi permis de proposer une carte des habitats forestiers : forêt marécageuse ou forêt galerie, forêt des plateaux, forêt des hauts reliefs, vallées jointives… D’autre part, les enjeux en taxonomie[2] sont encore très importants sur certains groupes comme par exemple pour les champignons où seules 1100 espèces sont connues sur les 50 000 estimées ou pour les arthropodes[3] où 15 000 espèces sont connues sur les 80 000 estimées.

Cette recherche répond aussi à des enjeux immédiats et locaux.

La connaissance des savoirs locaux autour des palmiers ou sur certaines espèces utilisées dans les constructions traditionnelles est intégrée dans les utilisations de la biodiversité.

La gestion durable de la faune s’appuie sur 15 ans de travaux : comptage fiable les espèces, définition de l’abondance d’une espèce et observation de sa réponse aux variations naturelles des habitats ; dans le cas des espèces chassées, leur réponse aux pressions de la chasse, identification des zones aux enjeux majeurs et des zones à moindre enjeu.

Pour ce qui est de la composition des communautés de poissons marins, des travaux ont permis d’identifier les changements directement imputables au réchauffement des océans : il y a une quinzaine d’années la communauté se répartissait équitablement entre des espèces tropicales et subtropicales, alors que la proportion d’espèces tropicales a cru, nécessitant par voie de conséquence des évolutions en termes de gestion de la pêche.

Des travaux sur l’évolution du littoral, le déplacement des bancs de vase et les risques en termes d’aménagement ont aussi des enjeux sociétaux forts pour le territoire.

L’ancrage de cette recherche se fait à l’échelle de l’Amazonie mais aussi de l’Amérique du Sud en lien avec la communauté de recherche européenne et internationale. Les formations au sein des laboratoires sont possibles de la 3ème au niveau doctorat. Les financements des projets émanent de collectivités territoriales, d’entités locales, nationales et internationales. Les infrastructures, plateformes pérennes portées par la recherche en biodiversité depuis des dizaines d’années, font du territoire une destination majeure pour les scientifiques travaillant sur la biodiversité dans le monde et contribuent à faire de la recherche en Guyane, une recherche d’excellence.

Illustration : A. Dourdain. ECOFOG


[1] Base qui recense et archive les données de terrain sur la grande faune, la flore, les champignons, les insectes ou les amphibiens…

[2] Branche des sciences naturelles qui vise à établir une classification systématique et hiérarchisée des êtres vivants dans diverses catégories selon les caractères qu’ils ont en commun, des plus généraux aux plus particuliers.

[3] Insectes, araignées, scorpions, scolopendres…