Répondre aux défis de notre société

Les chercheurs ont balayé concrètement leurs réalisations dans le domaine de l’innovation sociale lors du 1er Forum de la Recherche et de l’Innovation en avril dernier à Cayenne.

Domaine de recherche à la confluence de plusieurs disciplines, encore mal (re)connue, l’innovation sociale permet de faire émerger des solutions nouvelles aux grands défis de notre société, en prenant en compte les spécificités du territoire à la fois sur le plan environnemental, culturel et social.

Prenons comme exemple les Intervenants en Langue Maternelle (ILM). Ce sont des locuteurs des langues parlées par les jeunes élèves tout juste scolarisés et dont les missions sont d’appuyer le travail de l’enseignant en classe. On en entend régulièrement parler dans les média chez nous. Pourtant peu de gens savent qu’ils sont la solution, proposée par les chercheurs aux pouvoirs publics, au fait que de nombreux élèves, de langue maternelle non française, éprouvent des difficultés à l’entrée en classe. Chercheurs et enseignants ont travaillé sur le sujet de longues années durant. Le travail de consolidation de ce statut a abouti récemment par la création d’un parcours à l’université de Guyane au terme duquel les intervenants en Langue Maternelle peuvent présenter le concours de professeurs des écoles !

Des travaux sur l’évaluation socio-économique du secteur de la pêche ont quant à eux mis en exergue la faible rentabilité de ce secteur, entrainant une économie informelle forte. Des conclusions qui ont servi de base à l’élaboration de plan de compensation des surcoûts pour la pêche artisanale.

D’autres résultats ont permis l’amélioration des pratiques de soin par la prise en compte de nos spécificités culturelles. Deux exemples phares émanant de recherches sur l’innovation sociale en Guyane : il s’agit pour le premier d’un test de dépistage de la maladie d’Alzheimer spécifiquement adapté aux populations locales. Dans le second cas, la recherche préconise qu’une approche transculturelle soit imposée pour la prise en charge des victimes de maltraitance.

Concernant l’appropriation du foncier sur le territoire, des travaux de recherche ont permis l’incorporation, dans les bases de données de l’Institut Géographique National (IGN), de toponymes dans les langues de Guyane. Les travaux de recherche sur l’évolution du littoral se sont enrichis d’une recherche participative incluant la mémoire des populations d’Awala, de Sinnamary ou de Kourou.

Les sujets ne manquent donc pas, de l’histoire du territoire à la mise en place de l’Accès aux ressources génétiques et Partages des Avantages en passant par les mobilités humaines et commerciales, les changements socio-économiques aux frontières… et la réflexion des chercheurs se nourrit de leurs échanges avec leurs homologues de la sous-région, mais également d’Amérique du Nord et d’Afrique.-