Quand le pulse s’associe au vivant

Imaginez que vous deveniez petit, touuuuut petit, et que vous exploriez 1 m2 de litière de forêt ? Vous seriez face à une multitude de « bestioles » dont vous ignoriez royalement l’existence d’habitude ! Non ce n’est pas le pitch d’un film d’animation à sortir prochainement mais ce que vous pourrez faire au terme du projet BiNG[1]. C’est en effet l’idée géniale qu’ont eu les ingénieurs et chercheurs impliqués  pour partager leurs connaissances.

Pour étudier la biodiversité qu’on ne voit pas, ces scientifiques collectent des échantillons, les identifient et les répertorient dans une base de données.

Pour apprécier la diversité des formes autrement qu’avec un microscope, mais aussi interpeller le public sur l’existence et le rôle de ces espèces, ils numérisent insectes et champignons dans les trois dimensions. Les spécimens modélisés peuvent être injectés dans un univers de réalité virtuelle. Certains modèles 3D pourront enfin être articulés afin de se mouvoir.

L’insecte à photographier est fixé sur un bras motorisé qui le déplace angle par angle, chaque fois que l’appareil photo coulissant le long d’une colonne fixe a achevé une série de prises de vues. S.Groene-Lacoste.2018

La numérisation 2D des collections a ainsi commencé depuis 2 ans au laboratoire EcoFoG auquel l’équipe BiNG est rattachée. La numérisation 3D nécessite certains ajustements. La technique du « focus stacking », dont une traduction mot-à-mot pourrait être : « empilement de mise au point », a été retenue. Il s’agit en effet de faire plusieurs photos avec des mises au point différentes et ensuite d’empiler les zones nettes… jusqu’à obtenir la précision souhaitée sur toute la profondeur de l’image. Les chercheurs visent la définition au poil près !

Afin de capter toutes les coutures de l’insecte, Roussel Thermidor, stagiaire de l’IUT de Kourou, a développé le logiciel automatisant la rotation du spécimen au bout d’une épingle. La « table tournante » opérationnelle, il faut compter plusieurs centaines de photos, chacune de l’ordre d’une cinquantaine de Mégaoctets, et presque 24 heures de calcul en moyenne pour obtenir un spécimen en 3D.

Roussel Thermidor et son maître de stage, Frédéric Petitclerc, font les derniers tests sur le programme qui leur permettra d’automatiser la prise de vue de l’insecte. S. Groene-Lacoste.2018

L’équipe de BiNG collabore avec le FabLab[2] de Cayenne pour animer les spécimens numérisés et les intégrer dans un décor litière créé spécialement.

Quand ce sera terminé, vous pourrez chausser des lunettes de VR pour changer d’échelle et partir à la rencontre de ceux qu’on a si longtemps négligés !

 

 

 

Illustration : G. Fornet. BiNG.2017
[1] Le projet BING « Biodiversité Négligée de Guyane : de la connaissance à la valorisation », porté par le CNRS pour l’UMR EcoFoG, est cofinancé par l’Union européenne et le CNES. L’Europe s’engage en Guyane avec le Fonds européen de développement régional.</br
[2] FabLab est la contraction de ‘Fabrication Laboratory’, laboratoire de fabrication. Cliquez ici pour en savoir plus sur ceux de Guyane