« Soyez curieux ! »

Dans le secteur de la recherche, plusieurs types de carrières sont possibles : techniciens, ingénieurs, chercheurs, enseignants-chercheurs pour ne parler que du laboratoire… Les niveaux de qualification vont du baccalauréat à la thèse de doctorat (bac+8).

Max Sarrazin, responsable du Laboratoire des Moyens Analytiques du centre IRD[1] de Cayenne, a un parcours atypique et il donne un seul conseil aux jeunes qui débutent : « Soyez curieux ! ».

Lycéen à Félix Eboué, Max Sarrazin aimait les maths et les sciences physiques. Pourtant, il abandonne le lycée tente le brevet élémentaire pour devenir instituteur. L’ironie du sort veut que ce soit en maths, sa matière préférée, qu’il échoue ! Attendant d’être appelé pour le service militaire, il cherche alors de petits boulots et c’est ainsi qu’il passe le concours de l’ORSTOM[2] (devenu IRD) qui cherche des laborantins. Ils seront 2 à être pris sur les 5 candidats.

Trois mois après à peine, Max Sarrazin part faire son service militaire. Ce n’est qu’un an après la fin de son service, une formation en électromécanique et une expérience de chef d’équipe à Kourou sur le chantier Véronique[3], qu’il sera réintégré en novembre 1975 au Laboratoire Commun de l’ORSTOM.

Le responsable du laboratoire alors, M. Nalovic, a remarqué le goût pour les maths de son nouveau laborantin ainsi que sa curiosité insatiable : il l’installe dans son bureau, lui montre tous les protocoles des analyses et lui fait faire tous les calculs (à la main !). Ce n’est que quand Max Sarrazin domine toute la partie théorique qu’il rejoint à la paillasse ses collègues qui complèteront ses connaissances pratiques. Après la chimie, il sera affecté au laboratoire des mesures physiques des sols. Mesures de l’instabilité structurale des sols, de leur granulométrie… deviennent son quotidien. Curieux, ne se contentant jamais de produire des mesures sans savoir à quoi elles servent, il accompagne régulièrement les chercheurs Catherine et Michel Grimaldi sur le terrain à partir de 1988. Il effectue aussi plusieurs stages à Bondy, en région parisienne où l’IRD centralisait alors toute sa formation continue.

Max Sarrazin supervisant les tests sur une parcelle au Brésil

Il passe le concours de technicien supérieur et, en 1994, saisit l’opportunité d’aller travailler à Manaus au Brésil, à l’INPA (Institut national brésilien de recherche amazonienne), toujours dans le cadre de l’IRD. Responsable du laboratoire d’analyses de pédologie jusqu’en 2000, il travaille notamment à la réhabilitation des sols usés par l’agriculture intensive qui entraine ce qu’on appelle les fronts pionniers en Amazonie. « J’ai vraiment progressé pendant cette période ! De nombreux étudiants en Master et en thèse travaillaient sur le sujet… Nous échangions énormément. Je travaillais non seulement en pédologie, mais aussi en micromorphologie, en biologie … » Max Sarrazin repartira travailler au Brésil de 2001 à 2007, à la FICAP (Faculté des sciences agraires du Para) à Bélem où il donnera des cours, en plus d’aller sur le terrain et de faire les analyses en laboratoire : « A l’IRD, en plus de développer des programmes de recherche, nous devons en parallèle assurer la formation. »

Au laboratoire : les analyses révéleront si la structure et la chimie du sol tassé par les animaux et/ou les engins lui permettront de donner aux plants de maïs ou à la pâture ce dont ils ont besoin.

Le laboratoire dont Max Sarrazin est aujourd’hui responsable, effectue des analyses minérales, d’eau, de sol et de végétaux pour les programmes de recherche de l’IRD et de leurs partenaires ainsi que pour des organismes extérieurs tels que le CSG ou des sociétés privées. Le laboratoire s’est par ailleurs spécialisé depuis quatre ans, dans les analyses hydrobiologiques.

 

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[1] IRD : Institut de Recherche pour le Développement

[2] ORSTOM : Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, organisme aujourd’hui remplacé par l’IRD

[3] Fusée Véronique : la première fusée à décoller du Centre Spatial Guyanais