Un stage de recherche

Ils sont dans les laboratoires entre janvier et juillet. Au début, ils ne se déplacent jamais seuls, ont énormément à lire et on ne les entend pas. Mais quand ils partent bien souvent ils laissent un vide…
« Ils » ce sont les stagiaires, qui de la Licence 1 au Master 2, viennent découvrir le milieu de la recherche et se former aux métiers du laboratoire. S’ils sont volontaires et qu’ils ont été bien encadrés, les données qu’ils ont générées seront utilisées pour faire avancer différents projets.

C’est le cas du travail effectué par Elysabeth Cottrell, étudiante en licence des Sciences Biomédicales à l’Université Paris V, qui a fait un stage de six mois au CIRAD à l’UMR EcoFoG[1], laboratoire de chimie des substances naturelles amazoniennes.

Sa mission, ou plutôt ses missions :

  • Poursuivre les travaux afin de sélectionner les arbres avec de hauts rendements d’huile essentielle de bois de rose ;
  • Étudier la possibilité de valoriser les arbres présents sur des parcelles défrichées pour de la construction ou pour l’agriculture et qui ont un potentiel pour les cosmétiques.

Sa première mission sera menée à son terme, en deux mois, en laboratoire. Elysabeth maîtrise depuis la technique d’hydrodistillation, qui permet d’extraire l’huile essentielle de Bois de rose, ainsi que le logiciel d’analyse statistique des données issues des mesures en spectroscopie. Ses résultats contribueront à développer des méthodes de sélections d’individus à hauts rendements[2].

Pour savoir quelles « victimes » de la défriche peuvent-être être valorisées dans la cosmétique, Elysabeth doit ensuite mener une véritable enquête ! Elle commence par sélectionner une douzaine d’espèces en tenant compte de leur disponibilité (plus d’un individu par hectare), de leur durabilité naturelle et des connaissances disponibles chez les spécialistes de la pharmacopée traditionnelle ou dans la littérature scientifique. Sur une carte de la parcelle forestière située à Paracou[3], les arbres pré-identifiés vont ensuite être repérés s’ils font plus de 40 cm de diamètre, s’ils présentent un bon état sanitaire et s’ils sont facilement accessibles. Cette étape permet de préparer l’abattage puis le prélèvement d’échantillons (pour archivage à la xylothèque de Pariacabo et à l’Herbier de Cayenne) ainsi que d’un plateau transversal à 1m30 de poitrine, qui sera en partie séché et broyé avant d’être soumis à une batterie d’analyses.

Menée dans le cadre du projet européen ValorExtr@ct, l’ « enquête » d’Elysabeth a malheureusement été interrompue par le confinement.

Mais si les étapes pour parvenir à la valorisation de ces espèces de défriche restent encore à dérouler, la jeune Martiniquaise s’est découvert une passion pour les substances naturelles, la chimie verte et… la recherche : « A force de chercher, on a toujours envie de chercher ! ».

Mission de formation accomplie pour les  maitres de stage, Julien Passelande et le Dr Nadine Amusant !-


[1] Unité Mixte de Recherche Écologie des Forêts Guyanaises

[2] Lire Zoom sur les polypnénols pour en savoir plus.

[3] Paracou est une station de recherche exceptionnelle consacrée à l’étude du fonctionnement de l’écosystème forestier amazonien.

Le projet ValorExtr@ct, coordonné par l’Unité Mixte de Recherche ÉCologie des Forêts Guyanaises (UMR ECoFoG) et porté par le CIRAD, bénéficie d’un financement européen FEDER. Ses partenaires sont Guyane Développement Innovation (GDI) et les laboratoires Bio ForeXtra .