Objet Flottant Identifié au large de Cayenne

« C’est comme de grands dos polis et luisants, qui s’enflent, donnent leur coup d’épaule, vous soulèvent et vous laissent retomber. » … Cette métaphore de la houle de Pierre Loti[1] nous parle peut-être plus que la définition stricte donnée par François, ingénieur littoral au Bureau des Recherches Géologiques et Minières et partenaire de l’Observatoire de la Dynamique Côtière de Guyane[2] : mouvement ondulatoire de grande amplitude.

Si la houle est un phénomène que l’on peut observer depuis la côte ou en mer, elle se crée bien loin des regards dans des zones dites de « fetch ». Au milieu des océans, le vent souffle régulièrement. De petites vagues se forment alors en surface, qui se rencontrent, se combinent jusqu’à former des grosses vagues qui continuent leur chemin bien au-delà de la zone de fetch : ce mouvement d’eau prend alors le nom de houle. Lorsqu’elle s’approche de la terre, la houle devient une vague qui se casse sur la côte en libérant une énergie importante, qui parfois peut détruire !

Sur nos côtes, la houle vient du Nord ou du Nord-Est (sa direction) et a une hauteur significative[3] de 1 m, 3 m pour les plus fortes. Ce n’est pas très impressionnant quand on compare cette valeur à la hauteur significative des houles cycloniques de la Réunion qui peuvent faire 11 à 12 m ou des houles d’hiver en Méditerranée qui peuvent atteindre 8 m.

Alors pourquoi donc s’intéresser à la houle en Guyane ? Cette information est essentielle pour comprendre et appréhender les risques littoraux : avec une côte basse, la répétition de l’action des vagues, conjuguée avec les marées et les vents lors de tempêtes, peut entraîner un risque de submersion marine.

Mesurer la houle intéresse particulièrement Météo France, la Marine Nationale mais aussi le BRGM ou encore le CNRS[4]. Jusqu’à présent, en l’absence de mesure précise, ces organismes utilisaient des modèles mathématiques qui estimaient la houle en fonction de mesures faites aux États-Unis. Ces données insuffisantes ont décidé la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Guyane, à financer l’installation de deux houlographes au large de Cayenne et Kourou en juin 2016. L’acquisition de ces nouvelles données s’inscrit dans une démarche d’observations, d’acquisitions et de partage menées dans le cadre de l’Observatoire de la Dynamique Côtière de Guyane.

Lesté d’un cube de béton, l’instrument flotte à la surface, mesure la hauteur de la houle grâce à un certain nombre de capteurs et envoie les données par liaison radio à une station de réception à terre.

Les données recueillies (hauteur des houles, direction, température de l’eau…) sont accessibles par l’ensemble des utilisateurs via le site Candhis.

Mise à l’eau d’un houlographe en juillet dernier : à droite de la bouée le lest, dessous un long câble qui permet à l’instrument de flotter à la surface, à gauche de la bouée sur la structure métallique, la balise GPS qui permet de localiser l’instrumentation. L’antenne sur la bouée permet l’envoi des données de houle à la station de réception terrestre. ©DEAL

 

[1]Extrait de « Mon Frère Yves »
[2]BRGM
[3]La hauteur significative est valeur moyenne du tiers supérieur des hauteurs des 
vagues observées sur une durée de 30 minutes.
[4]Centre National de Recherche Scientifique