Une route comme résultat de recherche !

Développement « aidant », pistes et routes se multiplient dans le département. Faire une route exige déforestation, mouvements de terre puis transport de milliers de tonnes de gravats et milliers de litres de bitume. En termes de coûts, pour une route comme celle de Saint-Laurent à Apatou, c’est de l’ordre du million d’euros… par kilomètre !!!

Pour réduire les coûts, il faudrait limiter le transport de matériaux extérieurs et donc utiliser au maximum les matériaux extraits sur le chantier même de la route. C’est l’enjeu du travail de recherche de Flavio Germain, dans le cadre d’une thèse soutenue par une bourse Cifre[1], au sein de la société Eiffage.

Eiffage est un grand groupe européen implanté en Guyane depuis plus de trente ans (groupe Chambord devenu au fil des rachats le groupe Eiffage). Sur les quelques 33 000 collaborateurs dans les domaines de la route, du génie civil, des matériaux ou de la chimie, une vingtaine d’entre eux travaillent au sein de laboratoires où sont menées études et recherches afin de répondre aux exigences des clients. Deux laboratoires centraux sont situés près de Soisson et de Lyon, dans l’Hexagone ; les autres sont répartis à proximité des nombreuses implantations d’usines Eiffage comme celui de Cayenne, situé Zone Collery. Six personnes y travaillent dont Flavio depuis quelques mois.

Tout juste diplômé ingénieur grâce aux cours du soir du CNAM, Flavio a la chance d’y rencontrer Ouahcène Naït-Rabah, enseignant-chercheur en génie civil à l’Université de Guyane. C’est lui qui met en contact Flavio Germain avec Christophe Doury, le responsable du laboratoire Eiffage à Cayenne. Flavio est embauché chez Eiffage pour étudier le comportement d’enduits superficiels renforcés par géotextile sur sols latéritiques, nos sols rouges.

Flavio teste des échantillons dans le laboratoire d’Eiffage.

Son objectif : mettre au point la recette idéale contenant des liants bitumeux, hydrauliques et géotextile pour réaliser des pistes moins couteuses. La petite équipe monte alors un projet de thèse associant Eiffage, le CNAM et l’Université de Guyane [2].

« Je ne savais pas ce qu’était une thèse, il y a tout juste un an !! » explique Flavio Germain.

Et pourtant, s’appuyant sur des travaux déjà réalisés et publiés au Brésil, en Pologne, en Inde ou aux Etats-Unis, Flavio va tester des bouts de route avec des recettes différentes : Comment le revêtement va-t-il adhérer au sol ? Comment réagira-t-il en saison des pluies ? De combien s’affaissera-t-il avec le passage de 20 000 camions par an ? Autant de questions auxquelles il devra répondre pour chacun de ses échantillons.

En plus d’une ou plusieurs publications scientifiques, la thèse de Flavio devrait aboutir à construire les prochaines routes ou pistes qui sillonneront le département.

[1] Conventions Industrielles de Formation par la Recherche. Les exigences de ce type de thèse restent identiques à celle effectuée au sein d’une équipe de recherche publique : le travail de recherche doit être unique et étayé par des éléments novateurs autour d’une question innovante de recherche. Le jeune ne doit pas avoir eu de lien avec l’entreprise auparavant, doit faire la demande de thèse dans les 9 mois qui suivent son embauche et être âgé de moins de 26 ans. Ces critères permettent à l’entreprise de faire une demande de bourse afin qu’une partie de son salaire soit pris en charge par l’État. Plus d’information sur http://www.anrt.asso.fr/fr/cifre-82 ou contacter le Délégué Régional à la Recherche et à la Technologie, Philippe Poggi.
[2] Intitulé de la thèse « Étude du comportement des enduits superficiels renforcés par géotextile sur des sols latéritiques traités par des liants bitumineux ou hydrauliques en milieu amazonien : cas de la Guyane française. » Menée par : Flavio Germain. Encadrée par : Philippe Delmas, CNAM (directeur de thèse), Ouahcène Naït-Rabah, Université de Guyane (co-directeur de thèse) et Christophe Doury, Eiffage (référent).

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